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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/269

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au dehors en faisceaux divergents et, comme la lueur d’un phare, brillent à dix lieues de distance.

À l’intérieur comme au dehors, l’usine ne présente que des angles droits et des lignes géométriques. Les grandes salles, pleines de la lumière qui entre à flots par les vastes fenêtres, ont néanmoins je ne sais quoi de terrible dans leur aspect. Des piliers de fer, se dressant à distances égales, soutiennent le plafond ; des machines de fer agitent d’un mouvement régulier leurs roues, leurs bielles, leurs bras coudés ; des dents de fer et d’acier saisissent la matière qu’on leur donne à diviser, à ronger, à broyer ou à pétrir de nouveau, la rendent en pâte, en fils, en flocons ou en nuée à peine visible, ainsi que le lui demande la volonté maîtresse. De tous ces engins de métal qui s’agitent et grondent comme des monstres féroces, l’homme a fait ses esclaves : c’est lui qui les déchaîne après leur avoir donné la pâture ; mais, tout maître qu’il est, il