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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/273

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encore dans une misère bien sordide ceux qui les mettent en œuvre. Non loin de la puissante usine dont les monstres de fer ont tant coûté, non loin de la magnifique demeure seigneuriale qu’entourent de beaux arbres exotiques importés à grands frais de l’Himalaya, du Japon, de la Californie, des maisonnettes en brique, noircies par la houille, s’alignent au milieu d’un espace jonché de débris sans nom et parsemé de flaques d’une eau fétide. Dans ces humbles demeures, moins hideuses, il est vrai, que les tanières de serfs dominés par le château du baron féodal, les familles sont rarement réunies autour de la même table ; tantôt le mari, tantôt la femme ou les enfants en âge de travail, appelés par l’impitoyable cloche de la manufacture, doivent s’éloigner du foyer et se succéder au service des machines, travaillant elles-mêmes sans trêve ni repos comme le courant du ruisseau qui les met en mouvement. Parfois la maison se trouve tout à fait vide, à moins qu’il ne