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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/318

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Brahmapoutrah et le Yant-Tse-Kiang, tous les deux fils d’un dieu ; il n’est pas besoin non plus de franchir l’Atlantique et de voyager sur le Mississipi, sur l’Orénoque ou le fleuve des Amazones, large comme une mer et semé d’archipels. Il suffit, dans les limites mêmes du pays que l’on habite, de suivre les bords d’un de ces cours d’eau qui se ralentissent et s’étalent largement en approchant de l’estuaire où leur flot tranquille va se mêler aux vagues de l’océan. Qu’on aille visiter la basse Somme ou la Seine près de Tancarville, la Loire entre Paimbœuf et Saint-Nazaire, la Garonne et la Dordogne à l’endroit où elles se réunissent pour former la mer de Gironde ! Qu’on aille surtout à la pointe septentrionale de la Camargue, là où le Rhône se partage en deux bras !

Le fleuve est immense et calme. La masse énorme, large de plus d’un kilomètre, se divise sans effort entre les deux courants : à peine quelques remous d’écume tournoient à l’abri d’une jetée qui prolonge la pointe de