Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/81

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qu’elle a dissoute, fait disparaître peu à peu les traces de nos crimes.

Les grottes elles-mêmes cessent d’exister par l’action du temps. La pluie qui tombe sur les montagnes et pénètre dans les étroites fissures de la roche se charge constamment de molécules calcaires. Quand, après un voyage plus ou moins long, elle vient trembler en gouttelettes à la voûte des cavernes, une partie du liquide s’évapore dans l’air, et une petite pellicule de pierre, allongée comme la goutte qui la tenait en dissolution, se suspend au rocher. Une autre gouttelette dépose une deuxième écorce sur la première puis il s’en forme une troisième et des milliers et des millions à l’infini. Comme des arbres de pierre, les stalactites croissent par couches concentriques durcissant peu à peu. Au-dessous d’elles, sur le sol de la grotte, l’eau tombée s’évapore également, laisse à sa place d’autres concrétions calcaires qui, de feuillet en feuillet, s’élèvent par degrés vers la voûte. À la longue, les pendentifs d’en