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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/90

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uns sont d’énormes puisards où des fleuves disparaîtraient en cataractes, les autres sont de simples affaissements du sol, charmants petits nids bien tapissés de gazon, où l’on aime à se chauffer au soleil par les belles journées d’automne, sans crainte du vent déjà froid qui passe en sifflant sur les herbes frissonnantes du plateau. Quelques-uns de ces trous s’obstruent et se comblent graduellement ; mais il en est aussi que nous voyons se creuser et qui, chaque année, s’approfondissent sous nos yeux. Telle étroite ouverture qui nous semblait une retraite de serpent et dans laquelle, de crainte d’être mordus, nous n’osions pas mettre le bras, était un commencement d’abîme : les pluies et les écroulements intérieurs l’ont élargie d’année en année ; c’est maintenant un précipice aux flancs d’argile rouge, raviné par les averses.

De ces puits naturels, le plus pittoresque est précisément le plus éloigné de la source. En cet endroit, le plateau, devenu plus inégal, s’arrête brusquement au pied d’une muraille