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Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/117

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journal de la commune

ligne, n’ont pas le droit de nous laisser ignorer plus longtemps ce qu’ils font de notre existence.

Cette non publicité des séances, qui coupe la communication entre le peuple et son gouvernement et empêche la Commune de retremper ses forces dans le peuple qui l’a élue, produit un autre inconvénient, un autre malheur, devrions-nous dire. Plusieurs des élus dont la présence à la Commune était une garantie de bon sens et d’honnêteté pour tous, et non pas seulement pour les moins avancés, se retirent. Quelques-uns ont dit à certains d’entre eux : « Vous êtes de nos officiers, et nous sommes dans la bataille. Or, l’officier qui donne sa démission devant l’ennemi n’est pas un démissionnaire, mais un déserteur, ils ont répondu : « Vous nous reprochez de manquer d’honneur, et c’est notre honneur que nous avons tenu à sauvegarder. Nos gens de la Commune ont fait, font et feront des bêtises, et pis que des bêtises. Si les discussions étaient publiques, chacun aurait sa part de responsabilité et la porterait devant le juge universel. Mais n’étant pas libres de protester contre les actes de nos collègues, nous ne voulons pas passer nous-mêmes pour auteurs d’actes qui se font malgré nous. »

Certes, il y a des nécessités stratégiques : elles se concilient peu avec la publicité des séances et autres exigences morales, mais il faut les concilier. Paris peut avoir raison et être vaincu, mais s’il a tort, il ne vaincra pas.

Mercredi, 12 avril.

« Dans la journée d’hier, raconte Le Rappel, le feu s’était de part et d’autre notablement ralenti ; une sorte de trêve tacite semblait s’être établie entre Paris et Versailles ; on croyait sentir dans la situation une véritable détente : la députation de la Franc-maçonnerie devait déjà être arrivée auprès de M. Thiers ; on parlait d’un manifeste des députés de la gauche ; enfin les délégués de l’Union républicaine, munis de sauf-conduits, étaient partis à quatre heures pour leur mission conciliatrice.

« La canonnade avait bien un peu repris dans l’après-midi, mais non plus vivement que les derniers jours.

« Tout à coup, à neuf heures, des détonations ont retenti,