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Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/151

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journal de la commune

En ce qui touche les franchises municipales, (on se les rappelle : Paris élisant son Conseil communal, chargé de régler seul le budget de la Ville ; la police, l’assistance publique, l’enseignement, la garantie de la liberté de conscience relevant uniquement de lui), M. Thiers expose que Paris jouira de ses franchises dans les conditions où toutes les villes en jouiront d’après la loi municipale, telle qu’elle sera élaborée par l’Assemblée. Paris aura le droit commun, rien de moins, rien de plus. En d’autres termes, Paris n’aura que ce qu’il plaira à son ennemi de lui donner… Et cette loi, nous savons déjà ce qu’elle est et ce qu’elle sera : loin d’être une loi de droit commun, c’est une loi qui met Paris hors la loi.

En ce qui touche la force publique, l’Union républicaine demandait que l’armée régulière n’entrât point à Paris, qu’il lui fût fixé une délimitation qu’elle ne pourrait franchir, comme à Rome autrefois, comme à Londres aujourd’hui, comme à Paris même sous la Constitution de l’an III et au début de la révolution de 48.

M. Thiers déclare qu’on ne saurait admettre le principe de l’exclusion absolue de l’armée avant qu’il soit procédé à une réorganisation de la garde nationale, lors des calendes grecques.

Et quant à la situation actuelle, M. Thiers déclare que, ne reconnaissant pas à des insurgés la qualité de belligérants, il ne veut traiter d’armistice. Toutefois si les gardes nationaux s’engagent à ne tirer aucun coup de fusil ni de canon, l’assurance verbale est donnée que les troupes de Versailles ne tireront non plus aucun coup de fusil ni de canon, jusqu’au moment indéterminé où le pouvoir exécutif se résoudra à une action et recommencera la guerre.

C’est à dire : « Ne bougez pas et je ne bougerai pas jusqu’à ce que les renforts que tous les jours on m’expédie d’Allemagne et de province soient arrivés. Avant hier les troupes qui ont réduit Toulouse ont rejoint celles de Versailles, hier, celles de Lyon et de Limoges ; celles de Marseille me viennent ce soir en grande vitesse. Puis, quand j’aurai les 50 000 hommes promis par M. de Bismarck, alors sans plus de risque, je vous attaquerai ».

Il faut que M. Thiers prenne les hommes de la Ligue et de la Commune pour de grands innocents, s’il les croit