Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
214
journal de la commune

« Éclairer les hommes égarés, tout en préparant les moyens infaillibles de réprimer leur égarement s’ils y persistent : tel est le sens de l’attitude du gouvernement et, si quelques coups de canon se font entendre, ce n’est pas son fait, c’est celui de quelques insurgés voulant faire croire qu’ils combattent lorsqu’ils osent à peine se faire voir.

« La vérité de la situation, la voilà tout entière et pour un certain nombre de jours elle sera la même. Nous prions donc les bons citoyens de ne pas s’alarmer, si tel jour le gouvernement, faute de n’avoir rien à dire, croit mieux de se taire. Il agit, et l’action ne se révèle que par des résultats, or ces résultats, il faut savoir les attendre : loin de les hâter, on les retarde en voulant les précipiter. »

Il semblerait impossible d’être haineux comme MM. Favre et Thiers ? Eh bien ! Monsieur Dufaure s’est d’un seul coup hissé à la hauteur de ses collègues. La circulaire que son Excellence, Monsieur le Ministre de la Justice, adressait la 23 avril aux procureurs généraux de la République est digne d’être conservée dans nos malheureuses annales. Elle restera, monument de la colère stupide et de la furibonde épouvante qui ont si soudainement détraqué les cerveaux de nos gouvernants et des amis de l’ordre :

Versailles, le 23 avril 1871.
Monsieur le procureur général.

« Vous recevez, en même temps que cette circulaire, la loi qui vient de rendre au jury la connaissance des délits commis par la voie de la presse ou par les autres moyens de publication qu’énumère la loi du 17 mai 1819. L’Assemblée nationale est ainsi revenue aux traditions libérales qui ont fait, pendant plus de trente ans, l’honneur de la tribune française. La conscience publique, représentée par le Jury, appréciera dans leur infinie variété, les manifestations d’opinion que la liberté de chacun pourra produire : elle saura discerner le degré de perversité que ces manifestations peuvent supposer et les dangers qu’elles peuvent faire courir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .