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Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/370

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journal de la commune

part, l’esprit des partisans de la Commune se fixe, les hommes apprennent à se connaître et, par conséquent, à se classer. Peu à peu les services se régularisent, l’administration s’épure, les fonctionnaires commencent à connaître leur métier. Des commissions supérieures se forment, soit pour la révision des marchés et fournitures, soit pour l’examen des comptes et factures, soit encore pour traduire en cour martiale les concussionnaires et fraudeurs, pour rechercher et atteindre les cumulards d’appointements.

La différence entre les deux administrations est certainement à l’avantage de Paris, qui a les travers de l’ignorance mais non pas les vices de la routine. Dans ce tohubohu de la Commune et du Comité Central, d’hommes médiocres dans leur grande majorité et représentant la simple moyenne des électeurs parisiens et gardes nationaux, les mauvais sujets et chenapans ne manquent pas ; mais quand on les a mis au pouvoir, on ne les a pas mis en place quoique chenapans, et encore moins parce que chenapans, on les a pris parce qu’on les croyait honnêtes et capables. Et quand l’un d’eux est soupçonné d’être malhonnête ou indigne, les collègues ne se gênent guère pour le mettre en accusation, l’arrêter et le destituer.

Et comme de nouvelles élections nettoieraient tout ce personnel, élimineraient nombre d’incapables et d’ambitieux ! En République, et surtout dans des périodes aussi critiques, il devrait être très facile d’entrer au pouvoir, non moins facile d’en sortir ; quand un organe travaille et fatigue incessamment, il devrait se renouveler incessamment.

Lundi 22 mai.

Nous nous étions endormis dans la joie du sixième assaut repoussé : les pessimistes eux-mêmes croyaient qu’en raison de cette résistance triomphante, la province interviendrait enfin, pour imposer à Versailles une transaction raisonnable. Les optimistes voyaient déjà, hélas ! il serait trop douloureux de dire aujourd’hui quelle était leur foi !… Aujourd’hui on nous réveille au cri : « Les Versaillais sont entrés. Ils sont au Champ de Mars, ils sont au Trocadéro, ils sont à l’Arc de Triomphe, ils sont aux Champs Elysées, et ils avancent toujours. Ils arrivent en masse. La trahison