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Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/43

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journal de la commune

Il rappelle doucement qu’après tout l’addition des trois mots officiels « pourrait être légitime ».

Quant à M. Jules Favre, il n’a plus de larmes. Ses glandes lacrymales se sont séchées depuis les fameuses entrevues avec M. de Bismarck, mais il lui reste sa poche de fiel et sa salive empoisonnée : « Dans l’attentat du 18 mars, toute la garde nationale est complice ou coupable. Toute cette population matérialiste, individualiste, est coupable de rébellion. Les journalistes de Paris écrivent sous le couteau des assassins. Il leur a fallu un courage civique prodigieux pour déconseiller à cette populace affolée de ne pas se ruer au vote. Il n’y a pas à pactiser avec l’émeute. Il faut dompter, il faut châtier Paris !

« Si nous avions à combattre d’autres adversaires, nous pourrions temporiser, mais nous sommes en face de ceux qui ont usurpé le pouvoir pour exercer la violence, l’assassinat et le vol… En temporisant avec l’émeute, on donnerait aux Prussiens le droit de la réprimer…

« Si cette dernière honte tombait sur nous, s’écrie M. Favre, nous n’en serions pas responsables devant Dieu. La responsabilité pèserait uniquement sur ces mauvais citoyens qui, vis-à-vis des dangers et des misères de la patrie, n’ont pas compris que leur premier devoir était l’obéissance au suffrage universel et qui, voulant faire prévaloir leurs détestables desseins, n’ont pas craint d’appeler sur Paris les pas de l’étranger (sic). En face d’une pareille éventualité, comprenez-vous quelle peut-être l’émotion de la ville de Paris, les inquiétudes de l’Europe ? Comment pouvons-nous donner caution de notre solvabilité quand nous ne pouvons pas même vivre en paix et quand nous voyons un orage, monté des bas-fonds de la société jusqu’à la majorité populaire représentée par cette Assemblée, essayer de la renverser. Car tel est leur dessein.

« L’amiral Saisset. — Oui, ils me l’ont dit.

« M. Jules Favre. — Chaque jour, ils déclarent qu’ils veulent marcher contre vous.

« Marcher contre vous ! Si quelques-uns d’entre vous tombent entre leurs mains, le sort des généraux Lecomte et Clément Thomas, malheureuses victimes de leur férocité, serait le vôtre. Car ne vous imaginez pas, Messieurs, qu’ils désavouent de semblables crimes, ils les justifient ! (Mou-