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Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/45

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journal de la commune

les mains vides, je ne sais pas ce qui pourra arriver. »

M. Thiers répond quelques mots dédaigneux. Que Paris se soumette d’abord. Nous verrons après, et l’Assemblée avec une insolence superbe passe à l’ordre du jour…

La séance capitale et vraiment décisive a été celle du 23 mars. Elle a été double : séance de jour et séance de nuit.

D’abord on s’occupa de la fameuse question de la prorogation des échéances. Il s’agissait de revenir sur la loi dite des Cent mille faillites qui, votée à l’encontre des représentants de Paris et de la gauche, aurait fait de tous les négociants et commerçants de Paris une masse confuse de banqueroutiers. Le président Grévy déplora qu’il fallût revenir sur une loi votée depuis quinze jours à peine. Certes la loi était bonne… mais les événements… mais l’état de la capitale… mais l’industrie agonisante,.. Bref, l’excellente loi est détestable… mais c’est le peuple de Paris… En conséquence, le Gouvernement propose une loi nouvelle, non moins bonne, non moins excellente que la dernière. C’est toujours le développement de la formule : puisque la guerre a jeté le plus profond trouble dans les affaires tant des créanciers que des débiteurs, nous décidons que toutes les entreprises seront liquidées aux dépens des débiteurs qui perdront tout, au profit des créanciers qui ne perdront rien.

Mais il s’agit bien de cela. — Ne vient-on pas d’apprendre que le coup de main prémédité à la place Vendôme n’a point réussi. Il faut exhaler sa colère. La proposition d’adopter les veuves et les familles des morts, à l’instar de celles des généraux Thomas et Lecomte, ne soulève pas cependant un vif enthousiasme : on trouve plus économique de décerner des éloges, de voter des visites de félicitations au nom de l’Assemblée à quelques artilleurs et à un régiment de ligne qui se sont laissés emmener par leurs officiers, de Paris à Versailles. M. Jules Simon, en sa qualité de ministre de l’Instruction Publique s’est déjà porté au-devant de ces braves militaires : les compliments que le Gouvernement leur décerne seront inscrits au Journal Officiel pour les conserver dans le souvenir des bons citoyens.

Une loi est ensuite votée pour l’organisation dans chaque département d’un bataillon de 1 500 volontaires, chargés de