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journal de la commune

rendez-vous ! » Nos Parisiens, enveloppés par des forces quintuples ou décuples, essaient encore de résister, mais quelques minutes à peine, ils étaient bousculés, renversés, tués, blessés ou prisonniers. La mêlée fut trop courte pour avoir été très sanglante. Mais que sont devenus vos frères ? Je ne puis vous le dire… »

Des conciliateurs surgissent. Qu’ils soient les bienvenus ! Leur tâche est bien difficile, car nous ne voulons pas la dire impossible… Qu’ils soient les bienvenus !

Au bruit du canon de l’Assemblée, vomissant soudain du plomb et du fer enflammé contre des poitrines d’hommes, des citoyens ont frémi tout alarmés. À la riposte indignée de nos gardes nationaux criant « À Versailles ! à Versailles ! » ils se sont cherchés, ils se sont trouvés, ils sont convenus ensemble de paroles de paix qu’ils veulent porter aux deux camps.

Mais de paix matérielle, il ne peut en être question avant la paix morale ; or, la conciliation suppose la reconnaissance de droits réciproques. C’est Versailles qui attaque ; donc, c’est Versailles qui, la première, doit arrêter ses coups. Si Versailles le veut faire, c’est le moment, les deux combattants sont quittes et peuvent transiger, ils ont échoué l’un et l’autre. Les Versaillais n’ont pas pu entrer à Paris en faisant une trouée par Neuilly ; les Parisiens n’ont pas pu entrer à Versailles en faisant une trouée par Rueil et Châtillon. L’Assemblée attaque la Commune parce qu’elle ne reconnaît aucun droit à la Commune ; il ne peut donc y avoir de conciliation qu’à une seule condition, c’est que Versailles reconnaisse les droits de Paris, pour lesquels sauvegarder Paris a nommé sa Commune.

En tant que faisant partie de la France, Paris a droit d’exiger que, bon gré mal gré, l’Assemblée reconnaisse définitivement et une fois pour toutes l’existence de la République.

En tant que ville de dix-huit cent mille habitants, une des premières du monde ; en tant que personne politique et morale ; en tant qu’individualité commerçant, produisant et consommant, Paris a droit à une large autonomie municipale, et, puisque tout droit qui ne veut pas être foulé aux pieds doit se protéger par une force matérielle inspirant le respect, Paris ne peut pas consentir au désarmement de