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Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/314

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les kolariens du bengale.

asile dans l’estomac de leurs enfants. Ceux-ci ne peuvent le refuser, mais, ils ne mettront aucune hâte malséante à jouir du repas funèbre.

De toute main ils acceptent toute mangeaille, disent de ces sauvages les dédaigneux Brahmanes, qui se croient de Substance très raffinée, parce qu’ils ne touchent qu’à des aliments de choix, et encore faut-il qu’ils soient préparés dans leur famille. Par la différence d’alimentation, la loi des conquérants, personnifiée en Manou, comptait éterniser la distinction des castes, l’accentuer de siècle en siècle, constituer des races entièrement dissemblables et par les caractères intellectuels et moraux, et par les caractères physiques : l’aliment impur procréant des corps laids et rachitiques, des organismes stupides et dégradés, et l’aliment pur constituant dans l’homme la force et la beauté, la noblesse et l’intelligence. Le système était séduisant ; il s’appuie sur une certaine expérience, et la physiologie de l’avenir fera, pensons-nous, de précieuses découvertes dans cet ordre de recherches. Toujours est-il que ce principe fut, par la race dominante, proclamé vérité absolue, admis implicitement par les races subjuguées ou refoulées et par les tribus plus policées qui, habitant des demeures fixes, relativement confortables, s’étaient élevées jusqu’à l’usage de la charrue. Pour n’en citer qu’un exemple, les Ouraons, mi-sauvages, mi-civilisés, mangent tout et n’importe quoi pendant l’enfance et la première jeunesse, mais, à partir du mariage, les époux se font une chair sacrée, s’administrent, en manière de sacrement, le sel par lequel ils jurent, à l’exemple des Sonthals ; leur corps ainsi purifié ne sera plus entretenu que d’aliments purs, auxquels ne touche aucune main étrangère à la tribu. À l’Ouraonne il