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Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/322

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les kolariens du bengale.

Mais n’insistons pas sur les côtés exceptionnels de la situation : il est incontestable que les Brahmanes avaient si bien élargi et développé leur supériorité qu’ils pouvaient la croire éternelle. Ils disaient le fossé infranchissable, ne fût-ce qu’en raison de l’impossibilité à l’engeance soudra, repue de nourriture inférieure, d’égaler jamais la race si bien nourrie et formée d’aliments de choix. Suivant la théorie qu’ils avaient mise en cours, la caste n’était pas seulement un fait extérieur, mais l’expression du tempérament, la différence des natures. Servi par une législation sévère et rigoureusement appliquée, le système a certainement contribué à la formation de types distincts ; ce qui n’était, à l’origine, qu’un avantage peu marqué, devint à la longue disproportion évidente, affectant les chairs et les muscles, même les os du squelette.

Ces particularités ethniques, que nous constatons et signalons, sans vouloir les diminuer, on s’étonne de ne pas les voir fixées plus profondément. Ainsi on a fréquemment observé que les Moundahs semblent partager avec le caméléon la faculté de prendre la couleur de l’entourage, et, dans les villages mixtes, leur teint se confond presque avec celui des Indous. Les Ouraonnes pâlissent, dès qu’elles ont fait un court séjour, comme domestiques, dans les maisons européennes[1]. En même temps que les cantons se civilisent, le type s’améliore et s’embellit ; la taille, il est vrai, reste petite assez longtemps, mais les traits s’adoucissent, et, comme les gens sont d’un naturel jovial, le visage prend bientôt une expression agréable. Les missionnaires, très compétents dans l’espèce, ont noté plus d’une fois qu’une alimentation plus régulière, une

  1. Zeitschrift für Ethnologie, 1874