Page:Regnaud - La Langue et la littérature sanscrites.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

IV

Mais la pensée de l’Inde, toute portée quelle était, comme nous le verrons, à la théorie et à l’abstraction, toute absorbée qu’elle se montrât dès le principe dans la recherche du comment, du pourquoi et de la fin des choses, cette pensée, dis-je, ne s’en est pas moins abandonnée souvent à l’exercice plus fécond, plus harmonieux et plus souple de ses facultés créatrices. Serrant le frein à la spéculation philosophique, il lui est arrivé maintes fois de lâcher la bride à l’imagination ; c’est ainsi que nous avons en sanscrit, à côté d’une science ou plutôt d’une gnose très-transcendante et très-subtile, une littérature proprement dite très-luxuriante, très-libre d’allures, et, n’était l’anachronisme, je dirais volontiers très-romantique. Cette littérature, je n’hésite pourtant pas à le dire, n’a pas tenu toutes ses promesses ; du moins les espérances qu’avaient fait concevoir d’abord la Bhagavad-Gîtâ et le drame de