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Page:Regnaud - Le Chariot de terre cuite, v1.djvu/17

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XIII
PRÉFACE.

Mais, en tenant compte des inductions que fournit l’examen du style du Chariot de terre cuite, on est autorisé, à mon avis, à le rapprocher davantage de la première de ces dates que de la seconde[1]. La langue, en effet, y porte un cachet de pureté, de simplicité et de concision qui dénote un temps voisin de celui qui a vu naître les meilleurs morceaux des grandes épopées ; la diction en est généralement exempte des jeux d’esprit

  1. D’après Lassen (Ind. Alterth., ii, p. 1157 et seqq.) qui se fonde sur la simplicité du style, les défauts que présente notre drame au point de vue de l’art et la tendance de l’auteur à décrire les mœurs générales plutôt que celles de cour, la Mricchakatikâ serait antérieure aux pièces de Kalidâsa et aux centuries de Bhartriliari. M, Weber, pense au contraire (Acad. Vorl., passim), qu’on se trompe considérablement en se conformant à la tradition pour placer la Mricchakatikâ vers le premier siècle avant J.-C. Il prétend, en exagérant, ce me semble, dans un sens opposé, que ce drame est à peu près de la même époque que ceux de Bhavabhûti qui vivait au viiie siècle après J.-C. L’emploi du mot nânaka, sorte de monnaie, serait la preuve, d’après lui, qu’il ne peut être antérieur au iie siècle après J.-C., et l’état des dialectes populaires qui y sont employés, prouverait qu’il faut le ramener à une époque beaucoup moins ancienne. Il rappelle aussi, à l’appui de cette opinion, que l’état florissant du buddhisme que cette œuvre révèle, se retrouve également dans un drame de Bhavabhûti, et que les usages qui s’y trouvent décrits sont dans un rapport étroit avec ceux dont il est question dans le Daçakumâra, ouvrage qu’il déclare toutefois beaucoup plus moderne.