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XV
PRÉFACE.

plement pathétiques ou pittoresques ; peuplée de personnages appartenant à tous les rangs de la société et dont aucun n’excède les limites du réel et du vraisemblable, cette pièce, qui a été composée en plein Orient il y a quinze ou vingt siècles, a tous les attributs de notre drame moderne. Aussi, faut-il reconnaître que si, comme le pense M. Weber, le théâtre de l’Inde doit son origine à l’influence de celui d’Athènes dont la notion serait parvenue dans cette contrée lointaine par l’intermédiaire des rois grecs de la Bactriane ou les relations commerciales avec Alexandrie, le souvenir des préceptes d’Aristote et des modèles offerts par Sophocle et par Ménandre s’était singulièrement effacé au cours de cette transmission, au moins en ce qui regarde la Mricchakatikâ. Non-seulement elle diffère absolument par l’invention et le genre des tragédies et des comédies grecques, mais elle ne s’écarte pas moins des théories classiques en ce qui regarde les trois fameuses unités. Comme dans plusieurs pièces de Shakspeare, l’action du Chariot de terre cuite est double : l’une et l’autre se développent en s’entrecroisant jusqu’au dénouement dont les effets intéressent enfin tous les personnages à la fois ; c’est en cela et là seulement qu’il y a unité suffisante peut-être