Aller au contenu

Page:Regnaud - Le Chariot de terre cuite, v1.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
PROLOGUE.

lement. Aurait-on par hasard déterré quelque trésor caché, ou bien est-ce l’effet de l’appétit qui me fait voir autour de moi tout un monde de comestibles (26) ? N’y a-t-il rien à déjeuner chez nous quoique la faim me tourmente au point de me faire tomber en défaillance (27) ? Pourtant tout ici semble changé ; il se passe quelque chose d’extraordinaire. L’une broie des collyres parfumés (28), l’autre tresse des guirlandes de fleurs. (Il réfléchit.) Quoi qu’il en soit, je vais appeler (29) ma femme et je saurai la vérité. (Il regarde dans la coulisse.) Madame, venez ici, je vous prie.

Une actrice, apparaissant sur la scène. — Seigneur, me voici.

Le directeur. — Soyez la bienvenue, madame.

L’actrice. — Je suis à vos ordres, seigneur ; commandez et j’obéirai.

Le directeur. — Madame, j’ai chanté longtemps et j’ai faim (30). Y a-t-il quelque chose à manger chez nous, oui ou non ?

L’actrice. — Seigneur, il y a de tout.

Le directeur. — Vraiment ! et qu’y a- t-il donc ?

L’actrice. — Mais voilà : du riz au sucre, du beurre, du lait caillé, du riz en grain. Vous avez, Seigneur, à votre disposition des