Page:Regnaud - Le Rig-Véda et les origines de la mythologie indo-européenne.djvu/17

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asseoir d’abord l’interprétation védique sur la base plus solide et plus précise qu’offrait à son avis le rapport des textes avec leur objet prochain, à savoir le sacrifice et les rites de ce qu’il appela la religion védique.

J’ai déjà dit pourquoi ce point de vue me semble trop étroit, et je n’y reviendrai pas. Les idées de Bergaigne sont justes et fécondes, mais à la condition qu’elles n’excluent pas ce qu’il y avait également de juste et de fécond dans celles de ses devanciers : à mon avis, elles sont destinées à se compléter et à s’éclairer les unes par les autres.

Novateur en matière d’exégèse générale du Rig-Véda, Bergaigne ne l’a pas été moins d’ailleurs en ce qui concerne l’interprétation de détail qui reçut de lui une impulsion aussi vigoureuse que hardie. D’une part, il tira d’une étude pénétrante et assidue du contexte, éclairé à la lumière de sa méthode, des données nouvelles et intéressantes sur les variations significatives de la langue védique qu’il a mises au jour surtout dans son Mémoire sur les Figures de rhétorique dans le Rig-Véda et dans le Lexique védique, dont il n’acheva malheureusement que la partie consacrée aux mots commençant par la lettre a.

D’un autre côté, l’examen minutieux et ingénieux auquel il se livra pour découvrir le principe de l’arrangement des hymnes d’après le nombre et la nature des vers qu’ils contiennent au sein des différentes subdivisions de la samhitâ du Rig-Véda, fut pour lui le point de départ de conclusions sur l’état primitif de ces compositions considérées isolément et sur les interpolations postérieures qu’elles avaient pu subir, dont il espérait les résultats les plus neufs et les plus féconds. Il ne faut pourtant pas se dissimuler que, dans cet ordre de recherches où il avait pour émule M. Oldenberg, en Allemagne, il devait plutôt aboutir à une histoire de la formation des hymnes et du recueil dans lequel ils sont réunis, qu’à de nouveaux moyens de les interpréter. En effet, si les hymnes proviennent, comme je l’expliquais plus haut, d’un fond légendaire exploité à partir d’un moment donné par les rishis, qui étaient des arrangeurs ou des metteurs en œuvre, plutôt que des inventeurs ou des poètes au sens propre