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CHAPITRE V

théâtre

Comme la peinture, Diderot s’est proposé de ramener le théâtre à la nature et à la vie, et, par là, il a préparé dans l’art dramatique une révolution encore plus sociale que littéraire, qui n’a pas seulement élargi la scène. Certes sa poétique est encombrée de fatras ; surtout l’application qu’il a faite lui-même de ses théories risquait d’écraser sous l’ennui ce qu’il y avait dans sa conception de plus hardi et de plus juste. Mais il n’en reste pas moins qu’il a fait entendre le premier cette protestation : que la scène doit s’ouvrir à d’autres douleurs et à d’autres amours que ceux des rois et des reines ; que les bourgeois et les ouvriers même ont, eux aussi, des passions et des larmes ; que ces larmes ne sont pas moins touchantes, que ces passions ne sont pas moins vives ; et que, dès lors, entre la comédie, vengeresse plaisante des vices,