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DIDEROT.


des sophismes, que de vérités nouvelles et d’ingénieux aperçus ! Écoutez-le, par exemple, quand il part en guerre pour démontrer qu’« être vrai au théâtre n’est aucunement montrer les choses comme elles sont en nature », parce que le vrai, en ce sens, ne serait que le commun, et que le vrai de la scène, « c’est la conformité des actions, des discours, de la figure, de la voix, du mouvement, du geste, avec un modèle d’idéal imaginé par le poète et souvent exagéré par le comédien ». De là vient, ajoute-t-il, que le comédien dans la rue ou sur la scène sont deux personnages si différents qu’on a peine à les reconnaître et qu’il était lui-même en droit de s’écrier, la première fois qu’il vit Mlle Clairon chez elle : « Ah ! mademoiselle, je vous croyais de toute la tête plus grande. »

Seulement, si « être vrai au théâtre n’est aucunement montrer les choses comme elles sont en nature », que devient toute la théorie de Diderot sur le drame bourgeois ? Et, ici encore, Diderot est la contradiction faite homme.