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L’ENCYCLOPÉDIE.


mand Sellius, qui leur proposent de traduire l’Encyclopédie britannique de Chambers. Ce répertoire, compilé d’ailleurs, sans mesure et sans choix, sur des ouvrages français, avait eu à Londres « un grand nombre d’éditions rapides » et enrichissait ses éditeurs ; les libraires parisiens entrevoient un même succès pour une adaptation française, et examinent l’affaire. Brouillé bientôt avec Mills et Sellius qui voulaient pour eux le bénéfice du privilège que Le Breton entendait se réserver, celui-ci s’adresse à l’abbé de Gua de Malves. Cette nouvelle négociation échoue. Diderot, qui venait de se marier et n’avait pas le sou, traduisait alors, en collaboration avec Eidous et Toussaint, les six volumes in-folio du Dictionnaire de Médecine de Robert James. Le chancelier d’Aguesseau l’indique aux libraires, le philosophe accepte d’enthousiasme une besogne qui lui donnera, avec douze cents livres par an, « le bonheur suprême d’exercer ses talents et de connaître tous les arts en étant forcé de les décrire », et le privilège de la nouvelle Encyclopédie est revêtu, le 21 janvier 1746, du sceau royal de Louis XV.

Diderot s’était contenté de traduire le dictionnaire médical de James ; l’Encyclopédie lui ouvrait d’autres horizons ; il ne s’arrêta pas un instant à l’idée « d’une traduction pure et simple ». Cette besogne de manœuvres « eût excité, avec l’indignation des savants, le cri du public à qui on n’eût présenté, sous un titre fastueux et nouveau, que des richesses