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L’ENCYCLOPÉDIE.


dement ne s’occupe de ses perceptions que de trois façons, selon ses trois facultés principales. » Or, « ou l’entendement fait un dénombrement pur et simple de ses perceptions par la mémoire ; ou il les examine, les compare et les digère par la raison ; ou il se plaît à les imiter et à les contrefaire par l’imagination » ; et, par conséquent, la distribution générale de la connaissance humaine sera, elle aussi, tripartite. Elle comprendra l’histoire, qui se rapporte à la mémoire ; la philosophie ou science, qui émane de la raison ; la poésie, qui naît de l’imagination. Et l’on objectera que l’ordre alphabétique, auquel il a fallu se résigner pour la commodité des recherches, détruit la liaison du système de la connaissance humaine. Mais, comme « cette liaison consiste moins dans l’arrangement des matières que dans les rapports qu’elles ont entre elles », rien ne peut l’anéantir. « On aura soin de la rendre sensible par la disposition des matières dans chaque article, par l’exactitude et la fréquence des renvois. » L’essentiel, d’ailleurs, n’est-il pas de proclamer au frontispice même de l’ouvrage, avec l’unité de la nature, l’unité, supérieure encore, de la science ?

Voilà donc le premier objet de l’Encyclopédie : elle montrera l’ordre et l’enchaînement des connaissances humaines ; elle sera ensuite, ce second objet n’étant au surplus que la conséquence du premier, le dictionnaire raisonné des sciences proprement dites, des arts libéraux et des arts mécaniques ou