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histoire de la révolution russe

furent fermées ; le tsar annonça, au mois d’octobre, qu’elles ne rouvriraient plus. La vente des spiritueux fut également prohibée dans la Galicie conquise. Presque aussitôt, les effets économiques de la prohibition se firent sentir : ce que le peuple dépensait pour boire, il le versa désormais aux caisses d’épargne et la richesse publique s’accrut de tout ce qui était sacrifié par le fisc.


XXI


Un profond connaisseur de la Russie, Anatole Leroy-Beaulieu, avait maintes fois averti l’opinion en France que la Russie était mal préparée pour une guerre offensive et que les sympathies des cercles dirigeants étaient allemandes. Ces sympathies, accrues et alimentées par des alliances princières, par le mariage de l’empereur lui-même avec une princesse hessoise, se fondaient aussi sur la répugnance de la Russie officielle pour les pays démocratiques de l’Entente. Le journal favori des réactionnaires, la Zemstchina, dont le ministre de la Guerre avait rendu l’abonnement obligatoire dans l’armée, n’avait cessé, malgré le tsar et sa diplomatie, l’un et l’autre de bonne foi, de prêcher le rapprochement avec l’Allemagne, de vouer à l’exécration l’Angleterre et la France, gouvernées « par les francs-maçons et les juifs »[1]. De nom-

  1. Zemstchina, avril 1913 : « Si nous avions des relations amicales avec l’Allemagne, qui les désire, l’Autriche, toujours battue, n’aurait pas osé se montrer si insolente à notre égard. La Russie