Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/340

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chrétiens, composent ce qu’on appelle le canon [1] du Nouveau Testament. Ce sont les quatre Évangiles [2] dits canoniques (Évangiles suivant Matthieu, Marc, Luc et Jean), les actes des Apôtres, vingt et une lettres attribuées à des apôtres (Paul, Pierre, Jean, Jacques, Jude) et l’Apocalypse attribuée à saint Jean.

3. Ce canon était à peu près constitué vers 350, après le concile de Nicée (325) et fut fixé pour l’Occident par saint Augustin en 393 ; il ne resta de doute que pour l’Apocalypse, encore suspecte en France au VIIIe siècle. Mais la première idée d’un canon remonte à 150 : c’est Marcion, réputé hérétique, qui forma alors la première collection de ce genre, comprenant Luc et des épîtres de Paul. Jusque-là, toutes les citations de l’ « Écriture », dans les œuvres des Pères apostoliques (ou anciens auteurs chrétiens orthodoxes), se rapportent exclusivement à l’Ancien Testament. [3]

4. Entre 150 et 200 se place un catalogue latin mutilé, découvert à Milan par l’érudit Muratori (1672-1750) ; il énumère déjà les parties essentielles de notre canon, mais y ajoute l’Apocalypse de Pierre, retrouvée de nos jours en Egypte. Ce canon est probablement celui de l’Église de Rome au IIe siècle.

5. On pense que le canon définitif s’est formé de la réunion des écrits qui étaient lus dans la plupart des

  1. Canon, c’est-à-dire « règle ».
  2. Évangile, c’est-à-dire « bonne nouvelle ».
  3. « On peut assurer que ces écrivains (chrétiens de la première moitié du IIe siècle) ne connaissent pas nos Évangiles, ou, ce qui revient au même pour nous, que, s’ils les ont connus, ils n’en parlent ni ne les citent jamais. » (Michel Nicolas, Études sur la Bible, t. II, p. 5)