Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/346

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de traditions orales, qui se transmettaient par la prédication. Il est probable que nos Évangiles prirent le crédit que la foi leur a conservé, lorsque l’Église se trouva en présence des sectes dites gnostiques, qui s’appuyaient sur des livres sinon moins historiques, du moins beaucoup plus extravagants.

13. Les trois Évangiles de Matthieu, de Marc et de Lue racontent à peu près les mêmes faits dans un ordre analogue ; on peut les imprimer sur trois colonnes [1] ; cette comparaison ou synopse leur a fait donner le nom de Synoptiques. L’Évangile de Jean est rebelle à toute comparaison de ce genre et doit être étudié à part.

14. Ici se pose la question la plus difficile de l’exégèse. Les trois Synoptiques, quand ils racontent les mêmes faits, ne les rapportent pas avec les mêmes circonstances. Là où ils concordent, ce n’est pas d’une façon générale, mais souvent à la lettre, dans le détail de longues phrases. Ces documents ont donc une ou plusieurs sources communes. Mais cette source ne peut avoir été un Évangile perdu, plus détaillé que ceux que nous possédons, car alors il n’y aurait pas, d’un Évangile à l’autre, des lacunes et variantes graves dans le récit d’un même événement. Il y a nécessairement plusieurs sources, qu’il s’agit de déterminer. A cet effet, nous avons deux témoignages importants : le préambule de Luc et des fragments de Papias, rapportés, vers 350, par l’évêque de Césarée, Eusèbe (l’ouvrage même de Papias est perdu).

  1. Voir notamment la bonne édition donnée par Chastand et Morel, Concordance des Évangiles, Neufchâtel, 1901.