Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

muets sur lui. Josèphe, juif de nation, qui écrivit vers 70 et qui entre dans des détails sur l’histoire de la Palestine, ainsi que sur le procurateur romain Ponce Pilate, mentionne bien saint Jean-Baptiste, qui fut mis à mort sous Hérode Antipas, mais ignore la prédication de Jésus. Ce silence a paru si étonnant que, de bonne heure, on introduisit dans ses Antiquités judaïques (18, 3, 3) les phrases que voici, dont le caractère apocryphe est évident et où il est fort douteux qu’il y ait même quelques mots à conserver : « A cette époque parut Jésus, homme sage, s’il faut l’appeler homme. Car il accomplit des choses merveilleuses, fut le maître des hommes qui reçoivent avec plaisir la vérité, et il entraîna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup d’Hellènes. Celui-là était le Christ. Sur la dénonciation des premiers de notre nation, Pilate le condamna à la croix ; mais ceux qui l’avaient aimé au début ne cessèrent pas de le révérer ; car il apparut, le troisième jour, ressuscité, comme l’avaient annoncé les divins prophètes, ainsi que mille autres merveilles à son sujet. Encore aujourd’hui subsiste la secte qui, d’après lui, a reçu le nom de Chrétiens. » Si le juif Josèphe avait écrit cela, il aurait été chrétien ; et puisque, étant juif, il ne pouvait pas écrire ainsi, il devait, ou ne rien dire de Jésus, ou tenir sur lui des propos hostiles que les copistes n’auraient pas laissé subsister.

29. Un autre historien, Juste de Tibériade, qui avait écrit sur la même époque et dont Photius, au IXe siècle, lisait encore l’ouvrage, ne disait pas un mot de Jésus, ce que Photius attribuait à sa « malv