Page:Revue de Paris, tome 25, 1831.djvu/59

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(Le soir du même jour à dix heures. — Un salon de l'Ermitage magnifiquement éclairé. — Toute la cour est assemblée.)

(Les ambassadeurs de Prusse et d'Angleterre causent avec la comtesse Branitzka et d'autres dames. L'impératrice est assise sur un divan, près de la cheminée ; sa tête est appuyée sur sa main. — A côté d'elle est un jeune homme de vingt - cinq ans, d'une figure charmante, le comte Momonoff, qui ne dit rien et compte les rosaces du pla fond. Le prince de Ligne est debout, tournant le dos au feu, et parle avec vivacité à Catherine, qui l'écoute d'un Paraít air distrait et comme absorbée par ses réflexions. Potemkin en uniforme très-brillant. Il porte le grand cordon de l'ordre militaire de Saint-Georges, d'autres ordres de l'empire, et le portrait de Catherine étincelant de dia mans ( 1) ; il entre la tête haute, adresse à la comtesse Branitzka un sourire d'amitié, fait de la main un geste de protection au comte Momonoff, et salue les ministres et les ambassadeurs. Il s'avance près de limperatrice, devant laquelle il s'incline en souriant et sans parler.)

CATHERINE.

Eh ! mon Dieu, prince Potemkin, d'où vient cet air de triomphe et de contentement.

POTEMKIN.

Mon auguste souveraine est -elle satisfaite de sa journée ?

CATHERINE, le regardant d'un air étonné.

Que voulez- vous dire ?

POTEMKIN, appuyant sur ses mots.

J'espère que votre majesté n'a plus de vou à former !

CATHERINE.

Comment cela !

(1) A toutes les faveurs dont elle l'avait comblé, Catherine avait ajouté celle de lui permettre de porter publiquement son portrait.