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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1908.djvu/18

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Taine le criticisme et le néo-criticisme. Il est impossible de résumer cette discussion qui est riche en remarques suggestives. Nous voudrions seulement relever un point qui marque la difficulté de la terminologie renouviériste : « Je ne saurais trop insister, écrit M. Pillon, sur le rapport logique qui existe entre le réalisme et l’infinitisme, entre l’idéalisme et le finitisme. La réalité de l’espace infini, dont Descartes ne doutait pas, malgré la réserve de son langage et qui était, dans sa pensée, la réalité du monde infini, entraînait, pour lui, la réalité des nombres et de leur suite infinie. Je dis que l’impossibilité du nombre infini implique l’idéalité nécessaire des nombres et de leur suite sans fin ; par suite l’idéalité nécessaire de l’espace sans bornes ; par suite, la nécessité d’un monde réel fini et distinct de l’espace. » Il semble pourtant qu’un idéaliste conséquent, pour qui le monde serait idéal au même titre que l’espace, n’aurait aucune raison de reculer devant l’infinité de l’univers ; si M. Pillon repousse cette conclusion, c’est qu’il distingue un monde réel de l’espace idéal ; le monde est fini parce qu’il est réel ; mais alors, comme l’avait vu Kant, la thèse du fini est nécessairement une thèse dogmatique et réaliste. — IV. L’Essai sur les éléments principaux de la représentation et la philosophie d’O. Hamelin, par Lionel Dauriac. « Nous avons fait le possible, écrit en terminant M. Dauriac, pour rester impersonnel et objectif. Puissions-nous n’avoir pas été infidèle à cette grande pensée qu’une mort inutilement héroïque est venue éteindre ! » — V. Bibliographie philosophique française de l’année 1907, par MM. Dauriac et Pillon.

L’Année psychologique, quatorzième année, 1908, publiée par Alfred Binet, 1 vol. in-8° de 500 p., Paris, Masson, 1908. — En dehors des Analyses psychologiques par MM. Binet, Larguier des Bancels et de nombreux auteurs (432-498), le quatorzième volume de M. Binet ne comprend que des Mémoires originaux. Ces mémoires forment deux groupes différents, l’un constitué par les études de psychologie appliquée, particulièrement de psychologie pédagogique, auxquelles M. Binet s’attache depuis plusieurs années, l’autre par des articles sur des questions générales de philosophie morale. Nous énumérons ces mémoires dans l’ordre adopté par M. Binet. — I. Le développement de l’intelligence chez les enfants, par A. Binet et Th. Simon. Description de tests correspondant à l’examen des enfants normaux pris à différents âges, et fournissant une échelle pour la mesure de l’intelligence. À signaler (p. 80) une distinction dont le principe est intéressant mais dont l’application demeure bien obscure, entre la maturité d’intelligence et la rectitude d’intelligence. — II. Les idées des physiciens sur la matière,









par L. Houllevigue. De cette étude à la fois forte et claire, nous ne retenons que cet extrait t de l’hypothèse finale La matière n’existe pas comme élément. Voilà donc la trinité de la matière, de l’éther et de l’électricité ramenée à deux éléments; il nous est loisible de penser qu’on pourra, à quelque jour, ramener l’électricité ellemême à l’éther en expliquant comment un centre électrisé est un point singulier de cet éther ». III. L’Enseignement de l’Esthélique, par P. Sodbiau. Résumé très intéressant des questions qui peuvent être traitées avec précision dans un cours de lycée. En conclusion M. Souriau demande l’extension de la place restreinte qui est faite à l’Esthétique dans les programmes, et la création dans l’Université de chaires et de laboratoires de recherche. IV. Le calcul des majorités cl la méthode des probabilités, par É.itux Bohel. Le calcul des probabilités permet-il de considérer comme pratiqueme it valable l’avis exprimé par la majorité, après dépouillement des avis ou des opinions d’un nombre plus ou moins grand de personnes? L’argiir mentation lucide et serrée de M, Borel reposesurladistinction fondamentale de es

qu’il y aà trouver dans le problème. Dans le cas de la roulette et du trente-et-quarante, il n’y a rien à trouver, et le calcul des probabilités n’a pas de base; dans le cas où le fait crée le droit, comme dans les questions de langage, la probabilité n’apporte pas la certitude complète, du moins elle rend le pari légitime; dans le cas enfin où la majorité se prononce sur une connexion qui peut avoir un fondement réel comme le rapport de l’intelligence avec la physionomie ou avec la forme des mains, une forte majorité prouve qu’il y a quelque chose, mais ce quelque chose peut être la vérité objective elle-même, ou le sentiment constant des observateurs. Par exemple dans l’étude de chiromancie, rapportée par M. Binet dans le mémoire n° XIII, l’accord des expérimentateurs pourrait être due à cette

formule de jugement que suppose ingénieusement M. Binet « lorsque lesdoigts

sont courts et laids, on juge l’enfant bête; lorsqu’ils sont longs et effilés, on le juge intelligent ». V. Une enguéte sur l’évolution de l’enseignement de la philosophie, par A. Binet. M. Binet avait lancé un questionnaire copieux aux professeurs chargés du cours de philosophie dans les lycées et les collèges. Les réponses ont