Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1908.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

logique, l’induction physique est homologique à l’origine, mais ne devient réellement valable que si, par une démonstration, nous la rendons tautologique. En somme, l’induction par énumération simple reste toujours le vrai modèle.

M. Lukasiewicz consacre une courte note au même sujet. Dans le jugement par induction, on ne peut se laisser guider uniquement par des considérations de vérité qui ne suffisent pas pour opérer un choix entre les diverses suppositions ; dès lors, des considérations de commodité doivent survenir.

K. Twardowski : Sur les théories idiogénétiques et allogénétiques du jugement. — Les théories allogénétiques ramènent le jugement à une synthèse ou une analyse, à une combinaison ou un rapport entre des représentations ; elles admettent par conséquent qu’un jugement suppose l’existence de deux représentations au moins entre lesquelles il établit un lien qui est le facteur essentiel du jugement. Les théories idiogénétiques au contraire considèrent que le contenu véritable de tout jugement est la réalité, l’existence ; elles voient, dans l’acte de juger, un phénomène psychologique de nature particulière et non pas une synthèse ou une analyse, et supposent qu’une seule représentation suffit. L’auteur voit un argument décisif en faveur des théories idiogénétiques dans l’existence d’énoncés impersonnels, sans sujet, tels que : il tonne, il fait jour, etc.

W. Bieganski : L’analogie, sa valeur scientifique. — Bacon et, après lui, Mill, ont confondu la recherche scientifique et la démonstration, et ont formulé, comme s’appliquant à la première, des règles qui ne sont valables que pour la seconde. M. Bieganski, après Sigwart, fait ressortir l’importance, dans le travail créateur du savant, du jugement par analogie dont il examine les diverses formes.

I. Lukasiewicz : Logique et psychologie. — Deux tendances sont en lutte dans la logique contemporaine, la tendance psychologique et la tendance antipsychologique. L’auteur opte pour la seconde. Il estime d’ailleurs qu’il y a surtout un malentendu résultant de ce que logique et psychologie se servent des mêmes termes pour désigner des concepts différents.

B. Bondrowski : Analyse psychologique des phénomènes de la pensée. — La conception adoptée par la psychologie expérimentale contemporaine, et notamment par M. A. Binet, dérive du sensualisme et ramène le processus de la pensée à des images et à des associations, des rapports entre ces images. Une théorie un peu différente est représentée surtout par Husserl, et suppose que les catégories logiques sont basées sur des « caractéristiques » corrélatives des phénomènes psychiques. Enfin une troisième théorie est celle de W. James qui insiste sur la continuité absolue de la vie psychique et des changements qui s’y produisent. L’auteur pense que ces diverses théories pourraient correspondre à divers types de la pensée individuelle.

M. Borowski : Critique du concept de causalité. — Sigwart, en voulant démontrer l’erreur de J. St. Mill, a fait fausse route ; il n’a pas appliqué la théorie de Mill en toute loyauté. On conçoit généralement la cause dans une acception trop large et l’effet au contraire dans une acception trop étroite. On comprend dans la cause ce qui n’est pas la cause véritable, mais une condition indifférente, et l’on exclut à tort de l’effet ce qui en fait partie intégrante ; c’est ainsi que l’on arrive à affirmer que le même effet peut avoir des causes diverses. En réalité, si par exemple la chaleur peut être produite par des phénomènes divers, il n’est pas sûr qu’elle soit dans tous ces cas de nature identique. Ainsi les rayons lumineux, pour être susceptibles d’interférence, doivent provenir d’une source unique. Au fond, la chaleur doit être la conséquence d’une cause unique, le mouvement de petits éléments physiques. Même si l’on s’en tient à l’aspect purement « phénoménaliste » des choses, on arrive à la même conclusion, en observant que l’énergie est une et qu’elle revêt simplement des formes différentes, conformément an principe de l’accroissement continuel de l’entropie. Il faut, en effet, pour qu’il y ait phénomène thermique : 1o qu’un phénomène énergétique différent disparaisse ; 2o que les conditions nécessaires à l’apparition d’un phénomène autre que le phémène calorique fassent défaut. La cause et l’effet se trouvent dans une dépendance réciproque. Cela est particulièrement évident si cause et effet sont simultanés : ainsi dans les formules mécaniques qui déterminent les rapports entre le chemin parcouru, le temps et la vitesse, on peut calculer n’importe laquelle de ces variables à l’aide des autres ; il est de convention de désigner l’une comme effet et les autres comme causes. Au fond, la situation est la même dans les cas où la cause précède l’effet dans le temps : l’énergie potentielle dépend du mouvement qui lui succède ; sans ce mouvement l’existence de l’énergie potentielle serait inimaginable. L’avenir est aussi réel que le passé et la conception finale aussi justi-