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si bien qu’ils passaient les jours et les nuits à se divertir ensemble. Les choses en étant à ce point, madame Nicolossa appela un jour sa servante et lui dit : Va dire à Buondelmonte que je suis bien étonnée de la conduite qu’il tient, et qu’à présent, où ce serait l’occasion de se voir, je ne conçois pas pourquoi je n’entends pas parler de lui. La servante alla trouver Buondelmonte et lui parla ainsi : Ma maîtresse est bien étonnée qu’au moment où l’on pourrait se rapprocher, tu ne lui fasses rien dire. — Dis à ta maîtresse que je n’ai jamais été sien plus qu’en ce moment, et que si elle veut venir dormir un soir avec moi, je me regarderai comme l’homme le plus grandement favorisé. La servante courut rendre réponse à sa maîtresse qui la renvoya aussitôt vers Buondelmonte pour lui apprendre qu’elle était toute disposée à se rendre à ses désirs, mais qu’il était nécessaire de trouver moyen d’engager son mari à passer la nuit hors de sa maison et qu’alors elle irait trouver Buondelmonte. La servante retourna chez le galant qui fut fort satisfait, et qui renvoya dire à la dame, qu’elle se fiât à lui, et qu’elle ne s’inquiétât de rien.

Aussitôt il s’arrangea de manière à ce qu’Acciaioli fût invité à souper dans un lieu près de Florence, appelé Cameretta ; puis il convint avec celui qui se chargea de donner le souper, qu’il retiendrait son hôte pour la nuit : ce qui fut fait. Le mari étant donc en partie, hors de Florence, vers le soir, sa femme alla chez Buondelmonte, qui la reçut d’une manière fort gracieuse dans une de ses chambres au rez-de-chaussée. Après qu’ils se furent entretenus pendant quelque temps de nouvelles et de choses agréables, Buondelmonte dit à la dame : Allez vous mettre au lit. Elle se déshabilla, et se coucha. Alors Buondelmonte prit toutes ses robes, ouvrit une cassette, les mit dedans, et dit à la belle : Je vais pour un moment là-haut et je reviens à l’instant. — Va et reviens vite, dit la dame. Buondelmonte partit, ferma la porte de la chambre derrière lui, monta à ses appartemens, se déshabilla, se mit au lit auprès de sa femme et laissa Nicolossa toute seule. Comme elle attendait le retour de Buondelmonte, qui cependant ne rentrait pas, la peur commença à s’emparer d’elle, d’autant plus que l’histoire du bain