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canons, nous avions mis en fuite, le choléra s’est avisé de faire volte-face, et menace de nous revisiter avec ce vent fatal qui l’avait amené d’abord. Ne nous alarmons cependant pas plus qu’il ne convient. Voici venir le soleil de juillet. Chacun sait quelle est sa puissance. Espérons qu’au moins cette année il fera définitivement justice du mauvais temps et de la peste.

Un autre orage avait bien aussi grondé quelques jours à l’horizon, mais le nuage s’est éloigné vite, et la guerre semble aujourd’hui moins que jamais imminente. Assurément elle ne sera pas provoquée par notre gouvernement, et je ne crois point que l’on soit au-dehors fort tenté de nous la faire. Qu’importent, en effet, quelques mouvemens de troupes aux environs de nos frontières ? Qui peut penser sérieusement qu’une nouvelle coalition soit possible maintenant contre la France ? Est-ce qu’on ne trouve point les souverains étrangers suffisamment occupés chez eux de leurs affaires ? L’empereur de Russie a-t-il donc trop de toutes ses forces pour garder la Pologne ? Des armées entières ne sont-elles pas les seules patrouilles qui la puissent maintenir sous le joug de l’autocrate ? Et la confédération germanique, n’est-elle pas assez embarrassée de sa lutte incessante contre la presse allemande, qui réclame partout énergiquement des supplémens de liberté, sinon toute la liberté. Quant à l’Angleterre, son alliance nous est désormais invariablement assurée. Sa révolution est faite, et donne la main à la nôtre. Voici son émancipation électorale consacrée par le vote définitif et la sanction du bill de réforme. Ce sera vainement que les tories essaieront de ressaisir une dernière fois le pouvoir. Leur règne est passé pour toujours, et c’est bien moins le retour de leur influence que les excès du peuple contre eux, qu’il faut craindre désormais. On a vu récemment leur chef avoué, le duc de Wellington, couvert de boue par la populace de Londres, le jour anniversaire de sa victoire de Waterloo. Le vieux roi lui-même, déjà plusieurs fois outrageusement insulté dans ses promenades, a été frappé, il y a quelques jours, et peu s’en faut grièvement blessé d’une pierre lancée sur lui par un furieux. Ce n’est là, j’en conviens, qu’un