Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
REVUE DES DEUX MONDES.

quelques pages, voyant enfin ses ressources à bout, et n’y pouvant plus tenir sans doute, il s’est définitivement esquivé avant la fin de la péroraison de M. Arnault.

Après le directeur, M. le secrétaire perpétuel a pris la parole et fait son rapport sur le concours au prix extraordinaire, proposé par l’Académie, sur la charité considérée dans son principe, dans ses applications et dans son influence, etc. Ce rapport, probablement plein d’esprit et de bonhomie, a dû plaire infiniment au petit nombre d’élus qui se trouvaient à la portée de la voix de M. Andrieux ; ce dont tout le monde, au moins, a paru lui savoir gré, c’est l’obligeance avec laquelle il a bien voulu sauter une vingtaine de feuillets de son manuscrit pour arriver à la conclusion.

Ce n’était cependant pas encore celle de la séance. Avant qu’elle se terminât, il fallait entendre l’appel aux Muses, de M. Lemercier, contre la dégradation de la morale publique et des beaux-arts. Cela demandait du loisir. Les odes de M. Lemercier sont de longue haleine. L’appel aux muses a donc été fait avec tous les développemens convenables. Assurément le Dictionnaire de la fable de Chompré aurait bien pu se retrouver en entier dans ce vaste morceau lyrique dont, malgré notre grande attention, nous n’avons pu saisir parfaitement le sens et le rhythme. Il nous a cependant été permis de juger à-peu-près de la hauteur et de la puissance de ce dithyrambe, par la profonde impression qu’il a semblé produire sur MM. Jouy et Parceval-Grandmaison, qui pendant sa lecture sont demeurés plongés dans une extase et une béatitude complètes.

Voici donc enfin achevé le compte rendu de cette mémorable séance. Ne quittons pas néanmoins l’Académie, sans la féliciter du nouveau choix qu’elle vient de faire parmi les candidats au fauteuil de M. Cuvier. C’est M. Dupin l’aîné qu’elle y installe. À la bonne heure. Voilà du discernement et de l’habileté. Appeler à l’Institut un ministre déjà en place, ce n’est en somme qu’une politesse assez adroite. Mais choisir pour confrère un député qui va être nommé ministre, voilà ce qui est tout-à-fait délicat et raffiné.