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REVUE SCIENTIFIQUE.

une membrane transparente fixée aux deux pôles par deux proéminences qui font l’office de chalaze. Cette membrane, qui est formée de deux tuniques superposées, embrasse à-la-fois le germe et le vitellus.

Quand on examine des œufs qui viennent d’être pondus, on n’y aperçoit, en les ouvrant, qu’une substance glutineuse homogène. Les changemens qui s’opèrent depuis cet état primitif jusqu’à une période assez avancée du développement, n’ont pas été suivis par M. Cuvier, et ne pourraient l’être que par un naturaliste qui séjournerait sur le bord de la mer. C’est donc seulement à une époque assez avancée du développement que notre grand naturaliste a pu suivre la jeune sèche ; elle s’est montrée à lui couchée sur le vitellus, tantôt en travers, tantôt obliquement, et quelquefois selon sa longueur. Elle y repose par sa face ventrale. Outre la membrane dont nous avons déjà parlé, et dans laquelle sont en même temps contenus le fœtus et le vitellus, cette dernière partie a encore une membrane qui lui est propre. Quant au fœtus, il ne paraît pas qu’il ait la sienne, et jusqu’à présent il a été impossible de lui reconnaître un amnios.

Lorsque le fœtus n’a encore que le quart de la longueur du vitellus, sur lequel il repose, on aperçoit déjà distinctement son sac et quelques-uns de ses tentacules. Les deux yeux sont alors chacun presque aussi grands que le sac. Ils reprennent leur proportion à mesure que le fœtus avance en âge ; mais la tête reste long-temps fort grosse, et elle est plus large encore que le sac lorsque déjà la petite sèche couvre les trois quarts du vitellus.

En parlant des rapports du vitellus et du germe, nous n’avons pas encore dit en quelle partie du canal intestinal se fait la communication, et c’est là cependant le fait important, Quand on prend l’œuf à une époque où déjà s’est formé l’étranglement entre le fœtus et le vitellus, il suffit de les écarter l’un de l’autre pour apercevoir nettement le point de communication. Cette communication se fait au-dessous, ou, si on le veut, au-devant de la bouche entre les deux tentacules de la dernière paire, lesquelles sont alors plus écartées qu’elles ne le seront chez l’adulte. Au-dessus de cet endroit, on distingue très bien l’ouverture des lèvres et dans leur intérieur les deux petites mâchoires qui apparaissent comme deux points noirs. Ainsi, ce n’est ni par le ventre comme dans les vertébrés, ni par le dos, comme dans les articulés, mais par un point tout-à-fait propre aux céphalopodes que passe le cordon ombilical.

Chez les céphalopodes comme chez les animaux des ordres supérieurs, à mesure que le fœtus croît, le vitellus diminue. Au moment où la petite sèche est près d’éclore, ce vitellus est réduit à un petit tubercule caché entre les deux tentacules inférieurs ; mais quand l’étranglement a eu lieu, il est aisé de suivre à l’intérieur la prolongation du canal. Pendant long-temps même, il y a dans l’intérieur de l’anneau cartilagineux qui porte les tentacules un bourrelet qui, vers la fin, est aussi gros que le tubercule resté à l’extérieur. Ce renflement descend parallèlement à la cavité buccale et à la première portion de l’œsophage. Il se rétrécit ensuite en un petit canal qui s’unit à celui de l’œsophage un peu au-dessous de l’anneau cartilagineux. La matière du vitellus se continue avec celle qui remplit l’œsophage et l’estomac.