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VOYAGE EN ANGLETERRE.
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regarder trop rigoureusement les détails. Ainsi la tour qui sert de point de vue pour Regent’s-Street, et qui finit en aiguille, est une pauvre conception, et rien n’est plus comique que les caricatures que l’on en a faites ; on y voit le petit monsieur Nash botté, épéroné et fiché sur cette pointe avec cette inscription : national taste, on prononce nashional.

On pourrait encore signaler beaucoup d’énormités semblables. Ainsi à un balcon qui orne le grand palais de Regent’s Park, on a plaqué sur la muraille quatre figures, dont la signification reste une énigme. Leur costume ressemble à une sorte de robe de chambre d’où l’on peut du moins conclure qu’on a voulu faire des personnages humains. Peut-être sont-ce des emblèmes pour un lazaret, car ce palais, comme celui de Potsdam, n’a d’apparence que par sa façade ; en réalité, il se compose d’une foule de petites maisons qui servent à toutes sortes de métiers, et qui sont la demeure d’une multitude de gens différens.

Pour ce qui est de la partie champêtre dans ce parc, et surtout ce qui concerne les eaux, l’architecte est irréprochable. On croit voir devant soi un large fleuve promener ses ondes entre deux rives couvertes d’épais ombrages, et séparé en plusieurs branches, tandis qu’on n’a réellement qu’un fossé creusé avec peine, et une eau dormante, renfermée, mais assez claire. Un ravissant paysage comme celui-ci avec des collines s’élevant à l’horizon, et environné, pendant tout l’espace d’un mille, d’un long cercle de bâtimens magnifiques, est certainement un établissement digne de la capitale du monde, et n’aura pas d’égal lorsque les jeunes arbres seront devenus de vieux géants. Beaucoup d’anciennes rues ont été renversées pour cette entreprise et depuis dix ans, plus de soixante mille maisons neuves ont été bâties dans cette partie de la ville. C’est, il me semble, une beauté particulière des nouvelles rues, que toutes larges qu’elles sont, elles ne s’élancent pas absolument en ligne droite, mais forment des courbures comme les chemins d’un parc. Si Londres obtient des quais, et si l’église de Saint-Paul est déblayée comme le projetait l’habile colonel Trench, elle surpassera toutes les capitales en magnificence, comme elle les surpasse déjà en grandeur.

À la tête des nouveaux ponts, il faut placer celui de Waterloo, qui a fait perdre 300,000 livres sterling aux entrepreneurs ; long de 12,000 pieds, et pourvu d’une balustrade de