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MARCO POLO.

grand Kan de leur mission et donnèrent les détails de tout ce qu’ils avaient fait en Europe. Le prince les écouta avec intérêt, les loua de leur zèle, accepta avec plaisir les présens qui lui étaient envoyés par le pape, et avec respect un vase rempli d’huile du saint sépulcre de Jésus-Christ, que l’on avait été chercher exprès à Jérusalem, ajoutant, en le recevant, que ses vertus devaient être grandes, si l’on en jugeait par l’importance et la valeur qu’y attachaient les chrétiens.

Le grand Kan remarqua le jeune Marco, notre auteur, et ayant su qu’il était le fils de Nicolo Polo, il l’honora d’un accueil particulier, le prit sous sa protection et lui donna un emploi dans sa maison. Cette position fournit à ce jeune homme les moyens de se distinguer par ses talens et de se faire respecter à la cour du prince tartare. Il adopta les manières du pays, et acquit la connaissance des quatre langues qui y étaient le plus en usage, le mongol, l’iey-ighur, le mantchou et le chinois. Bientôt il devint un favori utile pour son maître qui l’employa à des affaires importantes et délicates dans les parties les plus éloignées du siége de son empire. On voit par exemple au chapitre lxx du iie livre (édition Marsden), que Marco Polo fut chargé, pendant trois ans, du gouvernement de la ville importante de Yan-gus, qui en comprenait vingt-sept autres dans sa juridiction.

Parmi les contrées dont la relation de Marco Polo révéla l’existence à l’Europe, et auxquelles elle donna une grande célébrité, il faut compter le royaume de Cathay, qui comprend la moitié septentrionale de la Chine, et l’île de Zipangu, que l’on a désignée depuis sous le nom de Japon.

L’île et le royaume de Zipangu ou Japon fit naître à Kublaï, le grand Kan, l’idée de s’en rendre maître. Il équipa une flotte nombreuse, et par ce moyen y fit transporter une armée considérable. Mais les vents excitèrent une tempête terrible qui en submergea une partie, et dissipa le reste. Marco Polo, qui reporte cet événement à l’année 1264, était alors dans les états du grand Kan, mais ne dit pas s’il a été témoin de cette catastro-