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STATUE DE LA REINE NANTECHILD.

per que d’un seul. Il s’établit dans le midi de la France un ordre de frères pontifes, qui ne se proposait, comme le mot l’indique, que de bâtir des ponts et de rendre les chaussées praticables. Cet ordre, ou, comme on dirait aujourd’hui, ce corps d’ingénieurs des ponts-et-chaussées fut très utile. Il posséda en France un assez grand nombre de petits chefs-lieux administratifs, autrement dits couvens. La mémoire des services qu’il a rendus s’est conservée dans le nom de certaines villes, Pont-Audemer, Pont-Gibaud, et dans celui de plusieurs abbayes. Il est bon de remarquer qu’au moyen-âge, pontificare, jusqu’au treizième siècle, ne signifia que construire un pont[1], de même que pontifex ne se prit, chez les Romains, selon Varron, que dans le sens propre de constructeur de ponts, pendant toute la durée de l’époque hiératique romaine.

Les Templiers formèrent aussi, que l’on nous passe l’expression, une importante section du corps des ingénieurs des ponts-et-chaussées. Outre leurs nombreuses constructions d’églises et de monastères en Orient, les Templiers bâtirent en Espagne, comme les frères pontifes en France, beaucoup de ponts et d’édifices publics. La plus occidentale des trois routes qui mènent à Compostelle, celle qui passe à Roncevaux, s’appelle encore le Chemin des Templiers.

Les contributions nécessaires à la confection de ces travaux étaient levées sur la piété des fidèles. On peut voir dans les écrits de Pierre-le-Chantre et dans ceux de Robert de Flamesbourg, pénitencier à l’abbaye de Saint-Victor, à Paris, que les confesseurs étaient autorisés à imposer, comme surcroît de pénitence, une aumône pour l’établissement des ponts et bacs, et pour l’ouverture et l’entretien des routes.

Un peu plus tard, il s’établit des couvens où l’on se consacre à la seule transcription des manuscrits. Certains ordres, comme les Hospitaliers, servent de maréchaussée sur les grands chemins. D’une autre part, les laïques commencent à être admis dans les écoles abbatiales et dans les maîtrises des basiliques,

  1. Voy. du Cange.