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SIGURD.

tuer son frère. On lui coupa la tête. Elle l’apporta par les cheveux devant Hagen.

Hagen lui dit : « Le noble roi des Bourguignons est mort. Maintenant nul autre que Dieu et moi ne sait où est le trésor, et toi, diablesse, tu ne le sauras jamais. »

Elle dit : « Vous m’avez gardé injustement mon or ; mais j’aurai au moins l’épée de Sigfrid, celle que portait mon bien-aimé, quand je le vis pour la dernière fois.

Elle la tira du fourreau : il ne pouvait s’y opposer. Elle se prépara à lui ravir la vie ; elle lui coupa la tête avec le glaive. Le roi Attila le vit et en fut très affligé. »

Alors le vieil Hildebrand, indigné de voir périr un tel guerrier de la main d’une femme, la frappe elle-même à mort. C’est le dernier incident de ce grand drame, qui se termine en nous montrant tous les guerriers couchés morts, Chrimhilde hachée en morceaux, et les deux héros Théodoric et Attila, restés presque seuls, qui pleurent les amis et les parens qu’ils ont perdus.

III. COMPARAISON.

Dans la fable des Niebelungs, il est impossible de ne pas trouver une autre version de la fable contenue dans quelques chants de l’Edda. Comme Sigfrid, Sigurd avait conquis un trésor et tué un dragon. Tous deux font amitié avec une famille de princes nommés Nifflungs dans l’Edda, et auxquels on donne en Allemagne le nom identique de Niebelungs. L’aîné qui s’appelle Gunar en Scandinavie, s’appelle Gunther en Bourgogne. Hogni, frère de Gunar, y est représenté par le guerrier Hagen. Des deux côtés se trouve le personnage de Brunhilde, même nom, même rôle, même caractère. C’est également une vierge merveilleuse et guerrière ; c’est de même le héros qui la subjugue et la livre à son ami ; c’est de même elle qui cause sa mort ; enfin, c’est de même un roi des Huns qui s’appelle Atli ou Etzel, et qui est certainement Attila, qui épouse sa veuve.