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qui fut en même temps le poète le plus distingué de son siècle. Si la mort ne l’eût moissonné à la fleur de l’âge, peut-être n’eût-il pas laissé à l’Arioste et au Tasse la palme de l’épopée italienne. Enfin ce n’est pas une petite gloire pour Florence que le Colomb cherchât auprès de Toscanella des conseils pour la route à suivre dans la découverte du Nouveau-Monde, qui devait recevoir le nom d’un autre Florentin, Améric Vespuce. Mais l’homme le plus extraordinaire que la Toscane ait produit au quinzième siècle, c’est Léonard de Vinci, peintre qui précéda Michel-Ange et Raphaël, et qui ne fut point surpassé ; grand sculpteur, grand architecte, lui qui aidait Luca Paciolo dans ses recherches algébriques, lui qui précédait Galilée dans les observations sur la chute des graves, Porta dans la construction de la chambre obscure, et Castelli dans la découverte des lois du mouvement des fluides ; lui qui expliquait la lumière cendrée de la lune avant Moestlin, et qui enseignait la méthode expérimentale deux siècles avant Bacon ; poète, guerrier, géologue, physicien, chimiste, le plus fort et le plus beau de ses contemporains, homme extraordinaire enfin qui, dans sa jeunesse, sortit d’un petit village près de Florence, comme une espèce de musicien ambulant, pour aller mourir à Amboise, dans les bras de François Ier.

Au seizième siècle, la littérature italienne se releva forte des secours qu’elle avait puisés dans l’étude de l’antiquité. La langue nationale revint en honneur, et Florence brilla d’un nouvel éclat. La tête la plus puissante de cette époque est Nicolas Machiavel, historien et politique profond qu’on a tant calomnié et qu’on a si peu lu. Partisan d’abord de la démocratie, après avoir vainement lutté pour la soutenir, après avoir eu les membres disloqués par la torture, il vit que la démocratie était usée, et qu’il fallait chercher dans un nouveau principe le salut de l’Italie. — Lorsqu’à la chute de l’empire romain les provinces furent envahies successivement par les Barbares, l’Italie tomba la dernière. Bélisaire la délivra de la domination des Goths, mais bientôt après, elle se trouva presque entièrement subjuguée par les Longobards. Si l’invasion eût été complète, l’Italie serait tom-