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dre digne de la gloire que lui ont léguée ses ancêtres. Elle en a les moyens : il lui suffira de le vouloir fortement.

Le petit état de Lucques, séparé de fait de la Toscane ; forme, sous le rapport littéraire, presque une dépendance du grand-duché. Son peu d’étendue ne lui a pas empêché de produire, de tout temps, des hommes distingués. Nous nommerons entre autres, parmi les vivans, le marquis Lucchesini (frère du célèbre diplomate de ce nom), savant helléniste, auquel on doit une traduction de Pindare et des recherches savantes sur l’alphabet primitif des Grecs ; M. Papi, auteur d’un voyage aux Indes orientales, et qui vient de faire paraître une Histoire de la révolution française, qui a eu beaucoup de succès. MM. Giorgini et Franchini se sont fait connaître avantageusement par différens ouvrages de mathématiques. Enfin MM. VoIpi, Massarosa, Cotenna, etc., cultivent, avec zèle et talent, diverses branches de la littérature et des sciences.

Les états de Parme et de Modène, quoique privés des ressources et des moyens que possède la Toscane, ont vu naître un grand nombre d’hommes éminens dans les sciences et les lettres ; mais malheureusement, dans le moment où nous écrivons, nous aurons plus à nous occuper des savans que l’exil a transportés sur la terre étrangère, que de ceux auxquels il a été permis de rester dans leur patrie. Nous avons déjà dit que Romagnosi et Rasori se sont retirés à Milan, et que Nobili et Amici sont à Florence. On verra, dans la suite de cet article, que d’autres savans de Parme et de Modène ont dû quitter leur pays.

Il faut placer à la tête des littérateurs de Parme Pietro Giordani, qui est sans contredit le plus illustre écrivain de l’Italie. Giordani, né à Plaisance dans le siècle dernier, fut nommé, pendant la domination française en Italie, secrétaire de l’académie des beaux-arts de Bologne. Après la chute de Napoléon, lorsque le pape Pie vii rentra dans les légations, Giordani fut le seul Italien qui osa prédire les maux incalculables qui pèseraient sur les Romagnes, si l’on n’améliorait pas l’administration de ces provinces. Dans un discours qu’il prononça en présence du cardinal-légat, et qui restera à tout jamais comme un mo-