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REVUE. — CHRONIQUE.

suprême et les principaux membres de son clergé, sous la double prévention d’escroquerie et d’outrage à la morale publique. Voilà tout ce qu’on peut faire pour eux ; et vous verrez encore qu’ils n’auront même pas assez de bonheur pour être condamnés.

Il nous faut aussi décidément porter le deuil de nos médailles de la Bibliothèque. On a découvert enfin les adroits amateurs qui se les étaient appropriées. Malheureusement, pour en mieux garder sans doute la collection, ils les avaient déjà converties en de beaux lingots d’or. Il y a, ce me semble, rue de Richelieu, justement vis-à-vis de la Bibliothèque, un grand tombeau vide, bâti pour le duc de Berry, sur l’emplacement de l’ancien Opéra, et dont on ne sait plus maintenant que faire. Qu’on le consacre à la mémoire de nos médailles. Ce sera pour elles un cénotaphe très convenable. M. Raoul Rochette, qui les conservait de leur vivant, en sa qualité de membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, se chargera volontiers, j’imagine, de composer une épitaphe pour le monument.

Mais que disons-nous ? d’où vient qu’à propos d’un sujet si frivole, nous osons parler en ce moment avec tant de légèreté des honneurs funèbres ? Il y avait à Paris bien des tombes saintes qui en demandaient quelques-uns. Mais s’est-on souvenu d’elles seulement ? A-t-on daigné songer un instant aux morts dans ces fêtes qui ont célébré les anniversaires de juillet ? Oh ! non pas. On nous a donné des courses de chevaux au champ-de-Mars et des mâts de cocagne aux Champs-Élysées. Nous avons eu des rosières, une revue, des joutes sur l’eau, des danses de corde et des parades militaires, des illuminations et des feux d’artifice. Sauf les distributions de comestibles à la pointe de l’épée, tout s’est à-peu-près passé comme à la Saint-Napoléon et à la Saint-Louis, sous l’empire et sous la restauration. Quelle pauvre comédie ! Que de petitesse et de mauvaise grâce ! Quand vous fêtez ainsi le peuple des barricades, ne ressemblez-vous pas, dites, à ces parvenus, à ces enfans enrichis, qui, par respect humain, font venir une fois l’an leur père de la campagne, et lui donnent à dîner, sans oser pourtant l’appeler leur père, sans être pour cela de meilleurs fils ?