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SIGURD.

Je voudrais que Sigurd m’offrît cet or brillant,
M’entourât de ce bras sanglant.
Un soir de main en main courait l’ardent breuvage,
Et les guerriers buvaient. Soudain s’offre à leurs yeux
Hilda, son air était farouche et gracieux,
Ses cheveux blonds tombaient sur son visage,
Ses grands yeux bleus lançaient un feu sauvage.
Sigurd d’abord ne vit pas sa beauté ;
Son âme était ailleurs, était sur la montagne
Où Brunhilde, sortant du sommeil enchanté,
Le fit asseoir à son côté,
Et jura d’être sa compagne.
Mais dès qu’il a touché la magique liqueur,
Tout souvenir s’efface de son cœur.
Il voit Hilda, la voit et sent comme elle est belle.
D’un feu subit son regard étincelle :
Vaillans Nifflungs, dit-il, donnez-moi votre sœur.
— Que nous donneras-tu ? lui demandent les frères.
— Je vous promets dans trois prochaines guerres
Ma part entière du butin.
Alors Hilda dit ces paroles fières :
À moi seule, à moi seule appartient mon destin,
Guerrier ; fais-moi des promesses sincères,
— Que me donneras-tu pour le don du matin ?[1]
— Je te donnerai des esclaves,
Et des fourrures et de l’or ;
Je te donnerai plus encor,
Des fils de la race des braves.
— Tes sermens, dit Hilda, sont beaux si tu les tiens,
Eh bien ! vaillant Sigurd, prends-moi, je t’appartiens.
Au-devant des époux, les torches resplendirent,
Les guerriers leurs glaives brandirent,
Avec des cris perçans bondirent

  1. Le don que l’épouse recevait de l’époux le lendemain des noces, suivant une coutume commune aux divers peuples germaniques.