Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/445

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
441
SIGURD.

Là repoussant tout aliment,
Sans écouter une parole
Qui la plaigne ou qui la console,
Elle resta sept jours sans voix, sans mouvement.

Mais Sigurd, du passé le souvenir l’oppresse.
Il dit avec douleur : J’ai faussé ma promesse.
Il plaint Brunhilde et lui, séparés pour toujours.
Le héros supporta ce poids durant sept jours,
Puis s’en fut vers Brunhilde accablé de tristesse,
Et tous les deux se tinrent ces discours.

SIGURD.

Pourquoi depuis sept jours inflexible et farouche,
Brunhilde, as-tu voulu demeurer sur ta couche
Dans le silence et dans l’obscurité ?

BRUNHILDE.

Mes yeux refusent la clarté,
Seule et dans l’ombre enveloppée,
Je veux rester ici, parce qu’on m’a trompée.
Ce n’était pas Gunar qui, sur Grani monté,
Dans ma retraite merveilleuse,
Vint un jour à travers la flamme périlleuse.
Ce n’est point avec lui que Brunhilde a lutté,
Ce faible roi, ma main l’aurait dompté.

SIGURD.

C’est moi qui traversai la flamme menaçante,
C’est moi seul qui te fis plier
Sous l’effort de ma main puissante,
Et contraignis la guerrière à prier.

BRUNHILDE.

Ta parole à mort m’a frappée,
C’est toi, Sigurd, qui m’as trompée !

SIGURD.

Nous fûmes le jouet d’un pouvoir inconnu ;
Rien n’était plus doux à mon âme