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REVUE DES DEUX MONDES.

GUNAR.

Mais nous avons juré de le défendre.

HOGNI.

Je te dirai, Gunar, le parti qu’il faut prendre,
Notre frère Guttorm, le plus jeune de nous,
N’a rien juré, c’est lui qui portera les coups.

Ils vont trouver leur jeune frère ;
Pour exciter cette âme sanguinaire,
Ils promirent de l’or… Guttorm fut interdit,
Puis en pâlissant répondit :
Certes sa mort est desirable,
Mais notre mère nous a dit
Que Sigurd est invulnérable.
— Notre mère en sait plus qu’elle ne t’a conté,
Connais, lui dit Hogni toute la vérité :
Quand le sang de Fafnir coula sur la bruyère,
Ce sang remplit la fosse entière
Où Sigurd descendit et baigna tout son corps,
Qui devint aussi dur que l’acier ; mais alors
D’un tilleul, près de là croissant parmi les saules,
Les feuilles en tombant couvrirent ses épaules.
À cet endroit, si tu sais le frapper,
Ne crains pas qu’à la mort Sigurd puisse échapper.
Guttorm en l’écoutant jeta trois cris de joie,
Comme un milan sauvage en déchirant sa proie.
Ce guerrier si fameux qui le faisait trembler,
Sans péril sous sa lance, il le verra rouler !
— Mais s’il meurt, son fils doit le suivre,
Ne laissez pas ce jeune loup survivre,
Car il le vengerait s’il devient grand et fort,
Ou nous ferait payer la rançon de sa mort. —
Ses deux frères le lui promirent,
Dans son dessein ils l’affermirent.