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REVUE. — CHRONIQUE.

corrections et des additions par M. Fétis. Ce précis de l’histoire musicale chez les différens peuples est un livre instructif et qui nous manquait absolument. Loin de rien perdre de son mérite dans la traduction, il y a gagné beaucoup au moyen de la supression d’un assez grand nombre de redites qui rendent l’ouvrage original, obscur et confus, et grâces aux éclaircissemens qu’y a joints M. Fétis. En somme c’est une importation utile et qui doit être recommandée.

La Danse et les ballets, puis la Chapelle-musique des rois de France[1], par M. Castil-Blaze, sont aussi de petites histoires spéciales, et qui s’adressent surtout aux gens du monde. Si l’érudition s’y montre quelque peu légère, le style l’est assurément beaucoup moins. Ces élégans volumes nous apprendront au surplus autant de science qu’il nous en faut pour nous entretenir gravement avec nos danseuses pendant tout l’intervalle d’une poule à une pastourelle. Ils n’ont vraiment pas, j’en suis sûr, d’autre prétention.

Et que vous semble du Puritain de Seine-et-Marne, le nouveau roman de Michel Raymond[2] ? va-t-on à présent nous demander. Assurément répondrons-nous, quoique le style en soit bien laborieux et bien tourmenté, ce livre est écrit avec talent et habileté ; mais comme la fable, toute simple qu’elle est, s’y traîne lente et pénible ! Ce Bertrand, qui rappelle trop et trop peu le David Deans de la Prison d’Édimbourg, est-il donc encore le puritain, lorsqu’après avoir tué sa fille la prostituée, il descend jusqu’à fabriquer de fausses lettres pour la faire supposer vivante et cacher son meurtre ? Et pourtant cette figure austère est la seule dont les traits aient dans le tableau quelque caractère et quelque netteté. Qu’est-ce, par exemple, parmi les autres personnages, que cette madame Henriette Brissart ? À quel propos vient-elle prêcher d’abord, puis mettre en action le plus honteux et le plus sale libertinage ? À quoi cela servait-il ? N’était-ce qu’une transition pour amener cette étrange sortie

  1. Chez Paulin.
  2. Chez Henry Dupuy et Roret, rue des Grands-Augustins.