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ROMANS CARLOVINGIENS.

titre d’un roman où il s’agit, à ce qu’il paraît, d’une expédition de ce monarque contre les Saxons. Je ne puis parler de ce roman, ne l’ayant pas même parcouru. Je soupçonne toutefois qu’il est d’une date assez récente, bien postérieure à la fin du treizième siècle ; et dans ce cas, il appartiendrait à une période de l’épopée romanesque autre que celle que j’ai ici principalement en vue.

Quoi qu’il en soit, ce n’est que par une sorte d’exception que les poètes romanciers de Charlemagne ont célébré les guerres de ce prince contre les populations germaniques. C’est habituellement avec les Sarrasins d’Espagne ou d’Orient, qu’ils le mettent aux prises. Ce sont des royaumes musulmans qu’ils lui font conquérir, des croyans en Mahomet qu’ils lui font convertir. — Nous verrons plus tard s’il n’y a rien à conclure de cette méprise, relativement à l’histoire des romans où elle se rencontre ; ici je me borne à la remarquer.

En parcourant, autant que cela se peut, ces romans, dans l’ordre où ils se lient et se font suite les uns aux autres, les premiers que je rencontre ne sont pas les moins singuliers ; ils sont relatifs à la naissance et à l’enfance de Charlemagne.

Sa naissance n’est point signalée, sa mère n’est nommée nulle part dans les chroniques, qui ne disent rien non plus de son enfance, ni de sa première jeunesse. À l’époque où elles commencent à faire mention de lui, il était déjà ce que l’on pourrait dire un homme fait ; il avait vingt-deux ou vingt-trois ans. C’est dans une des dernières campagnes de son père Pépin contre le fameux Waifer d’Aquitaine qu’on le voit paraître pour la première fois. C’est là, pour ainsi dire, son début dans l’histoire. Or ce début semble un peu tardif pour un homme de la trempe de Charlemagne, à qui les occasions de se montrer n’avaient pu manquer, sous un père tel que Pépin, qui avait eu à faire et avait fait tant de guerres. On est un peu étonné de voir commencer si tard une vie si héroïque, une si grande destinée, et il est tout simple que les poètes romanciers, trouvant cette lacune dans l’histoire, en aient fait leur profit ; qu’ils l’aient remplie à leur manière.

Toute la vie de Charlemagne, de sa naissance à son couronne-