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LITTÉRATURE DANOISE.

le soir, du café, et l’on jouera aux cartes. Il y a un certain jeu qu’on appelle l’hombre, je donnerais tout-à-l’heure 100 écus pour que notre fille, mademoiselle Eugelke, le sût. Vous aurez donc soin de faire attention, quand les autres jouent, afin que vous puissiez l’apprendre. Le matin, vous resterez au lit jusqu’à neuf heures, neuf heures et demie, car il n’y a que les gens du commun qui se lèvent l’été avec le soleil. Mais le dimanche, vous pourrez vous lever un peu plus tôt, comme moi, quand je veux prendre médecine. Je vous ferai cadeau d’une jolie tabatière que vous placerez près de vous, quand vous jouerez aux cartes. Quand quelqu’un boira à votre santé, vous ne direz pas merci, mais très humble serviteur[1]. Quand vous bâillerez, vous ne mettrez pas la main devant votre bouche, car ce n’est pas l’usage parmi les gens comme il faut ; enfin, quand vous serez en compagnie, il ne faudra pas faire tant la sucrée, mais mettre un peu l’honnêteté de côté… Ah ! j’oubliais quelque chose… Vous aurez un chien bichon que vous aimerez comme votre fille, car cela encore est comme il faut ; la femme de notre voisin Arianke a un joli chien qu’elle pourra nous prêter, en attendant que nous nous en soyons procuré un. Vous donnerez à votre chien un nom français, que je me charge de trouver, quand j’aurai le loisir d’y réfléchir à mon aise. Vous mettrez souvent votre chien sur vos genoux, et vous le baiserez au moins dix fois quand il y aura des étrangers.

Mais bientôt le nouveau bourgmestre commença à sentir les inconvéniens de la puissance et les difficultés de la politique : harassé par les discours contraires de deux avocats qui lui ont cité Justinien et Grotius, il reçoit, de la part du syndic, une énorme liasse de papiers sur lesquels on lui demande son avis. Après avoir vainement cherché à s’y reconnaître, il s’écrie : Il n’est pas si facile d’être bourgmestre que je croyais, Henry ! — J’ai là différentes choses à examiner, où le diable ne se reconnaîtrait pas. (Il commence à écrire, se lève, essuie la sueur de son

  1. Ceci est en français.