Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/642

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
642
REVUE DES DEUX MONDES.

ses propres ressources et celles de l’art, sans profit pour soi ni pour lui. C’est un grand tort.

Quant à la Porte-Saint-Martin, il faut le déplorer, ce théâtre s’éloigne décidément chaque jour davantage des voies d’amélioration que Marion Delorme et Antony lui avaient ouvertes. Au lieu de nous continuer le drame, il nous a restitué son mélodrame, moins moral seulement, moins innocent, et dans de plus monstrueuses proportions. Il a épuisé toutes les combinaisons possibles de viol, d’inceste et d’adultère, et par une conséquence très logique, il y a eu à la fin de toutes ses pièces une décoration immuable, la Conciergerie ; un personnage inamovible, le bourreau, ce qui est devenu monotone. Ce théâtre n’a pas su non plus, ou n’a pas voulu conserver ou employer les comédiens de talent qu’il avait. Il a maladroitement ou à dessein amorti madame Dorval, notre première tragédienne, et l’a complètement sacrifiée à mademoiselle Georges. Enfin, il a laissé récemment échapper Bocage, ce jeune acteur plein de chaleur et d’énergie qui lui avait été si secourable.

Bocage vient en effet de passer aux Français, et déjà, dit-on, M. Victor Hugo lui a confié l’un des premiers rôles dans son drame intitulé le Roi s’amuse, qui nous est promis pour le commencement du mois de novembre.

Toutes les espérances des vrais amis de l’art se tournent donc de nouveau vers la rue de Richelieu.

La quinzaine s’est terminée par une solennité à l’Académie, la réception de M. Dupin en remplacement de M. Cuvier. Les amis du futur ministre s’y étaient donné rendez-vous, et ont fort applaudi le nouvel académicien. Il est vrai de dire que son discours était semé de traits vifs et heureux. M. Jouy a répondu au récipiendiaire avec l’éloquence et le sel classique qu’on lui connaît ; puis est venu le dénoûment obligé de ces sortes de solennités : M. Arnault et ses fables.


la revue.