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ROMANS DE LA TABLE RONDE.

est donc celle de savoir s’il s’y trouve quelque chose d’historique, quelque chose qui puisse être regardé comme une allusion aux événemens, aux idées, aux mœurs du pays et du temps auxquels ils se rapportent ou veulent se rapporter ; quelque chose enfin qui puisse être pris pour un écho aussi affaibli que l’on voudra, mais enfin pour un écho d’anciennes traditions bretonnes.

J’aurais pu poser la question autrement ; j’aurais pu demander si, jusqu’à quel point et en quel sens ces romans du cycle d’Arthur méritent la qualification de celtiques, par laquelle ils ont été récemment désignés.

Mais en admettant, comme je le fais, les Bretons pour une branche de Celtes, la question reste la même, sous quelque nom qu’elle soit posée ; et peu importe que l’on nomme bretons, kymris ou celtiques, les élémens anciens qui pourraient s’être conservés ou avoir été repris dans ces compositions mal étudiées. Ici la variété des noms ne peut entraîner aucune obscurité dans les résultats des recherches à faire sur ce sujet.

Ce n’est pas que ce sujet ne soit fort obscur, fort embrouillé ; mais la difficulté vient de l’insuffisance des données que l’on a pour le traiter, du peu de critique avec lequel on s’en est occupé jusqu’à présent, de la légèreté avec laquelle on a répété sans fin des assertions qu’il eût fallu vérifier une fois. Aussi n’ai-je pas la prétention de résoudre, dans le peu d’espace qui m’est donné, une question aussi complexe. Ce sera assez pour moi, si je réussis à la poser d’une manière un peu plus précise, et si je fais mieux entrevoir les moyens de la résoudre.

On a signalé souvent la Bretagne armoricaine, comme le foyer des traditions qui ont servi de base aux romans de chevalerie en général et particulièrement à ceux de la Table ronde. Je me dispenserai de réfuter une assertion en faveur de laquelle personne jusqu’ici n’a pu alléguer, je ne dis pas le moindre fait, mais le plus léger prétexte. Dans le peu que l’on sait de la culture poétique et sociale des Bretons armoricains au moyen âge et dans les temps plus modernes, il n’y a pas un trait qui ne pût, au besoin, servir à prouver que le germe de composi-