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LE CAPIDJI-BACHI

Ce fut un beau jour à Galata-seraï, que le 10 de la lune de Rebia ul ewel 12.. de l’hégire, car le sultan daigna y venir visiter les itch-oglans qu’on y élève pour son service particulier.

Pauvres enfans, ceux que le chef des eunuques blancs a choisis pour en faire des itch-oglans ! Jamais cloître ni monastère n’eut une discipline si rigoureuse pour ses novices ; pendant quatorze longues années, on leur enseigne à garder le silence, à tenir les yeux baissés et les mains croisées sur la poitrine, à faire les cinq prières aux heures marquées, à lire dans le Koran et à en retracer les sacrés caractères, à monter à cheval, à lancer le djerid, à se servir de la lance, puis à coudre et à broder, à faire de la musique, à chanter des ghazels persanes, à raser la tête, à faire les ongles, à plier des serviettes et des turbans, à servir dans le bain, à dresser des chiens et des oiseaux, et tout cela sous la cruelle surveillance des eunuques. Puis, quand ils ont passé ce temps d’épreuve, s’ils sont beaux, modestes et silencieux, alors ils commencent leur service auprès de sa hautesse.

On avait préparé un beau djerid pour recevoir le grand-seigneur. Les chevaux arabes, les jeunes et habiles écuyers, les évolutions gracieuses, les costumes variés et pittoresques, tout faisait d’un pareil djerid un admirable spectacle. Bien des combats isolés, des mêlées tumultueuses avaient déjà offert une